Quand la charge mentale des parents d’enfants autistes ou avec TND devient paralysante
- Parent Autrement Contact
- 5 avr.
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Dernière mise à jour : 15 avr.

Dans le groupe de discussion et de partage de ressources Parent autrement+, une maman aidante a partagé ce qu’elle ressentait :
“Je prends plein d’infos pour mes enfants et pour moi, mais je n’arrive plus à me mettre en action. S’il n’y a pas d’urgence, je remets tout au lendemain. Tout est flou, je suis partout et nulle part. Et je ne vois même pas ce que j’ai déjà accompli.”
Ce que décrit cette mère d'un enfant en situation de handicap est quelque chose que la grande majorité des parents d’enfants avec un trouble du spectre de l’autisme (ou ayant d’autres TND) vivent au quotidien, sans réellement pouvoir mettre les mots dessus.
Ce qu’elle vit, c’est ce qu’on appelle la charge mentale.
Pas celle qu’on évoque dans la parentalité en général. Une charge mentale bien plus envahissante, constante et silencieuse.
Chez les parents aidants, elle ne se limite pas à penser à tout. Elle s’étend à tout anticiper, tout adapter, tout absorber : les besoins spécifiques de l’enfant, les ajustements permanents, les rendez-vous à ne pas oublier, les conseils parfois contradictoires, les démarches administratives, les demandes des professionnels...
Ce qui épuise, ce n’est pas le nombre de choses à faire. C’est le flot incessant de pensées, l’impression d’être seul à tout porter, la pression de devoir tout assurer, sans pause, sans aide réelle, sans marge d’erreur.
Cette maman l’a très bien résumé :
“Mon cerveau part dans tous les sens, c’est un cerveau en arborescence.”
Quand tout s’enclenche en même temps, rien ne se pose. Et plus rien n’avance. Ce n’est pas un manque de volonté. C’est une paralysie intérieure, bien réelle.
Charge mentale des parents d’enfants autistes : une pression constante qui ne laisse aucun répit
Pour beaucoup de parents aidants d'un enfant en situation de handicap, la charge mentale ne s’arrête jamais vraiment. Elle commence au réveil, parfois avant.
Anticiper chaque détail, éviter les situations sensibles, organiser le quotidien autour des particularités sensorielles, gérer les crises de fatigue, les transitions compliquées, les rendez-vous à caler, les attentes scolaires…
Même les moments censés être “calmes” deviennent des phases de vigilance permanente.
La charge mentale, dans ce contexte, c’est aussi :
la peur de se tromper
la peur d’en faire trop ou pas assez
la peur de rater une aide
le besoin de rester toujours disponible, même épuisé
Tout ça, sans relâche. Et souvent, sans reconnaissance.
Avec le temps, cette charge prend toute la place. Elle empêche de se reposer. Elle empêche de penser clairement. Elle empêche d’agir, même quand on sait exactement ce qu’il faudrait faire.
Pourquoi les parents d’enfants autistes finissent parfois par ne plus pouvoir agir ?
Quand tout repose sur eux, les parents d’enfants autistes peuvent finir par se figer. Ce n’est pas de la fatigue passagère. C’est un blocage mental lié à une surcharge chronique.
Dans le groupe Parent autrement+, cette maman disait qu’elle remettait tout au lendemain, sauf les urgences. Qu’elle ne savait plus par quoi commencer, que tout était flou.
Et c'est très compréhensible car quand la charge mentale devient paralysante, même les choses simples deviennent difficiles :
suivre un webinaire
remplir un papier
lire un message
appeler un professionnel
Tout demande un effort qu'on est plus en mesure de faire.
“Je suis partout et nulle part”, disait-elle. “Je ne vois même plus ce que j’ai déjà fait.”
C’est un signal clair. Pas un défaut. Pas un manque de volonté. C’est une saturation du système. Et elle est fréquente, surtout quand tout dépend du parent aidant, et qu’il se sent seul à porter.
Agir autrement pour éviter que la charge mentale ne prenne toute la place
Identifier ce qui bloque vraiment
Ce n’est pas une question d’organisation. Ce qui bloque, c’est le trop : trop d’infos, trop d’urgences, trop d’attentes internes.
Les parents d’enfants autistes gèrent un quotidien complexe. Chaque décision, chaque rendez-vous, chaque imprévu vient se poser sur une structure déjà pleine. Et quand le cerveau est en surcharge, il coupe. Il fige. Il freine.
Avant de chercher une solution, il est utile de regarder ce qui occupe toute la place : les pensées en boucle, les scénarios mentaux, les “je devrais”.
Identifier ce qui pèse, c’est le premier pas pour reprendre un peu de clarté.
Faire le tri pour alléger la pression
Quand tout semble urgent, plus rien ne démarre. C’est une situation fréquente chez les parents d’enfants autistes ou avec TND, surtout quand ils accumulent des informations, des conseils, des objectifs… sans plus savoir ce qui est réellement prioritaire.
Il ne s’agit pas de refaire une nouvelle liste ou de tout réorganiser. Il s’agit de faire un tri mental, centré sur ce qui est faisable maintenant :
Qu’est-ce qui compte vraiment aujourd’hui ?
Qu’est-ce qui peut attendre sans conséquence ?
Qu’est-ce qui repose uniquement sur une pression intérieure ?
Ce tri peut être difficile à faire seul, surtout quand le mental est saturé. C’est dans ce type de situation que l’approche ACT (Acceptance and Commitment Therapy) peut aider. Elle permet de prendre du recul sur ses pensées, d’identifier ce qui prend trop de place, et de se recentrer sur ce qui compte vraiment.
C’est ce que j’ai proposé à cette maman dans l’échange. L’objectif n’était pas de tout gérer, mais de poser un cadre simple pour retrouver de la clarté, sans chercher à contrôler ses pensées ou à faire plus.
Avancer avec des actions simples
Quand la charge mentale est trop forte, il faut sortir de l’inertie sans créer une nouvelle pression.
Ce que j’observe souvent, c’est qu’une action minuscule suffit à relancer le mouvement.
Cela peut être :
Écrire une seule idée dans un carnet
Cocher une tâche facile
Répondre à un seul message
Prendre 3 minutes pour soi
Pas pour reprendre le contrôle. Mais pour reprendre du mouvement, sans s’imposer une réussite.
Mettre des mots sur ce que l’on vit en tant que parent aidant permet d’avancer autrement
Comprendre pourquoi la charge mentale devient paralysante chez les parents d’enfants autistes permet de voir les choses autrement. Ce n’est ni un manque de volonté, ni un défaut personnel. C’est une réaction prévisible face à une surcharge continue, souvent invisible aux yeux des autres.
Dans l’échange, cette maman abonnée à Parent autrement+ a pu, en quelques étapes, poser des mots sur ce qu’elle vivait, faire le tri dans ce qui l’encombrait, et retrouver une façon d’agir plus simple, plus en phase avec ce qui était possible pour elle.
Elle n'a pas tout réglé, mais elle a repris du mouvement, sans se sentir dépassée à chaque étape. Et c’est souvent ce qui change le plus de choses sur le long terme.
Quelques ressources pour vous aider à faire face à la charge mentale
Hayes, S. C., Strosahl, K. D., & Wilson, K. G. (2012). Acceptance and Commitment Therapy: The Process and Practice of Mindful Change. The Guilford Press. https://contextualscience.org/publications/acceptance_and_commitment_therapy_second_edition_t
Gaborit, M. (2021). La charge mentale des parents d’enfants handicapés : une réalité invisible. Revue Empan, 123(3), 51-58.
Association Française de Thérapie Comportementale et Cognitive (AFTCC). https://www.aftcc.org
Green, M. B., et al. (2019). Stress and Coping in Parents of Children with Autism Spectrum Disorder: A Literature Review. Review Journal of Autism and Developmental Disorders, 6(1), 39–60.
https://link.springer.com/article/10.1007/s40489-018-00153-y
Haute Autorité de Santé (2023). Parcours de santé – Enfants avec troubles du neurodéveloppement.
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